Chaire internationale SIÂGE

Axe 4 : Droits fondamentaux 

La Chaire situe sa réflexion sur les phénomènes d’inclusion et d’exclusion liées à l’avancée en âge à partir de ce qui a fondé un idéal fondamental commun des sociétés démocratiques contemporaines dans les déclarations universelles des droits humains. Parallèlement à ces déclarations, les systèmes juridiques ont maintenu et développé des dispositions de protection pour les citoyens vulnérabilisés, dont ceux en situation de handicap.  L’absence de convention internationale des droits des personnes âgées pose la question de la désignation de cette population dont les spécificités ne sont pas reconnues à l’échelle de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Pour autant, la Chaire rejoint les travaux intersectoriels sur les droits humains en interrogeant la manière dont les sociétés concourent ou non au respect des droits fondamentaux des personnes, quelle que soit leur situation dans les parcours de vie et ses diverses incidences. Il ne s’agit pas d’appréhender les populations âgées comme un public à part mais comme un ensemble complexe et pluriels de parcours et de situations dont certaines échappent aux conventions existantes. La question de l’égalité des droits fondamentaux doit faire l’objet de recherche, d’analyse et de réflexion pour éclairer le débat public. 

L’une des entrées sur ces sujets consiste à étudier les situations témoignant d’un traitement à part des personnes du seul fait de leur avancée en âge et à renverser la norme d’autonomie pour les réduire socialement et/ou juridiquement, à un statut d’« incapables », de fragiles, de vulnérables, voire à un retour au statut de mineures. Ces phénomènes auxquels les personnes vulnérabilisées sont parfois confrontées, peuvent les priver de ressources permettant d’agir en tant que sujets de droit et conduire à un renforcement d’inégalités sociales. Ce qui peut se traduire par un sentiment de dévalorisation, d’infantilisation, voire d’infra-humanisation. Ce problème social concerne tous les citoyens, quel que soit leur âge, y compris les proches et/ou spécialistes de la relation d’aide pouvant être témoins ou acteurs de pratique de minoration, à l’opposé des idéaux d’émancipation.  

Avant même les révélations publiques du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet sur la maltraitance en institution en France, une réflexion approfondie sur les maltraitances et les dispositifs de leur repérage s’est organisée au sein de la Chaire en lien avec les spécialistes canadiens. Au-delà de cette forme symptomatique d’exclusion et de non-respect des droits fondamentaux, la Chaire s’intéresse aux racines de ces processus en valorisant les recherches visant à identifier et caractériser tous les processus d’exclusions liés à l’avancée en âge. Comment les politiques publiques, les dispositifs d’intervention et les pratiques professionnelles peuvent-elles contribuer à prévenir l’âgisme au quotidien ? En quoi l’âgisme explique-t-il la mise en marge d’une part croissante de la population, depuis l’exclusion du marché du travail et de l’emploi (chômage de longue durée des seniors, baisse des heures de formation avec l’âge, seconde carrière, …) jusqu’à l’accès aux soins et à la santé ?